Agadir / Inzerki : Le plus grand et ancien rucher au monde, déserté ! Un patrimoine traditionnel à bien conserver.


Rédigé le Lundi 18 Avril 2022 à 14:40 | Lu 44 commentaire(s)

Les dernières abeilles viennent de déserter le rucher d’Inzerki, considéré comme « le plus grand et ancien rucher collectif traditionnel au monde », confirment certains apiculteurs de la région.


Rucher d' Inzerki
Situé dans le Sud-Ouest du Maroc, à quelque 80 kilomètre au Nord d’Agadir, l’abeiller d'Inzerki est aujourd'hui objet d'un désastre écologique précipité par la disparition des colonies, expliquent les mêmes sources. 
  
Le "syndrome de l'effondrement des colonies d'abeilles", un phénomène inédit constaté d’ailleurs à l’échelon national, serait amputé au changement climatique, avait soutenu l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), dans un précèdent communiqué. 
  
Qualifié de patrimoine historique Berbère, le rucher collectif d’Inzerki compte quelque 80 familles qui exploitent ses emplacements. Il est constitué de cases, divisée chacune en 4 étages de dimensions égales, avec un espace libre au-dessus un peu plus grand, souligne un acteur associatif dynamique d’Inzerki. 
  
Certes connu dans la communauté mondiale des apiculteurs, le rucher collectif d’Inzerki, aussi appelé « Taddart ou Guerram », reste un endroit très confidentiel. Peu de touristes font le long et délicat chemin menant à cet endroit hors du temps. Et pourtant, on pourrait le qualifier de trésor du patrimoine Berbère rien que par le fait qu’il est le plus grand et le plus vieux rucher collectif au Monde ! 
  
Différents écrits attestent de sa construction, dans sa forme actuelle, vers les années 1850, mais la tradition orale confirme que l’apiculture est bien plus ancienne sur ce site. D’après Brahim Chtoui, président de l’Association Taddart Inzerki pour le développement et la coopération, cette pratique de mettre les ruches en commun remonterait à plusieurs siècles à Inzerki. 
  
Et d’ajouter que les tribus Berbères du Souss ont depuis très longtemps pratiqué l’apiculture de manière nomade. Les ruches sont déplacées au gré des floraisons, différentes selon les pluies, les sécheresses ou l’altitude. Les ruches sont ainsi déplacées là où se trouvent le plus de fleurs et où le site est le plus propice pour les abeilles. 

Le site d’Inzerki combine de nombreux avantages : un versant Sud bien ensoleillé, une altitude de 980 mètres, un climat relativement stable sur toute la bonne saison, une abondance de plantes et de fleurs mellifères (thym, lavande, arganier, palmier, fleur de montagne,…), un isolement relatif par rapport aux centres urbains et la facilité de surveillance du site. C’est pourquoi les apiculteurs des douars de la région ont choisi cet endroit comme emplacement permanent et construit ce rucher collectif leur permettant de ne pas devoir déplacer les ruches. Un gardien surveille constamment l’ensemble et est rétribué par la communauté. 
  
Aujourd’hui, à Inzerki, le désastre est double : écologique mais aussi patrimonial. Des parties de l'abeiller récemment inscrit au patrimoine national s'affaissent, faisant craindre le pire, indiquent des habitants très inquiets.
 
 Source l Opinion par Mohamed LOKHNATI