Fram : Georges Colson, le Vieux lion, s'en est allé A 85 ans, il s'est éteint des suites d'une longue maladie


Rédigé le Dimanche 13 Mars 2022 à 19:35 | Lu 63 commentaire(s)

Nous le savions meurtri par la maladie. Il est parti. Georges Colson, c’est une saga familiale et l’histoire d’une entreprise, FRAM, le plus connu des voyagistes français. Cette saga jalonnée de joies et d’épreuves, de réussites et de revers qui l’amèneront devant les tribunaux, il me l’a racontée, commentée tant de fois. En la retraçant, il « se » racontait. C’était toute sa vie.


Nous le connaissions, amical, cordial, chaleureux, bouillonnant, drôle. 

Il pouvait être à la fois bienveillant et sans complaisance, sensible et intraitable, émotif aussi - nous l’avons vu pleurer. 

FRAM, Toulouse, l’Occitanie, le Tourisme en majuscule faisaient partie de son ADN. 

Georges c’est aussi l’histoire d’un pionnier du tourisme organisé. Il aura tout connu, tout vécu.
 
FRAM  (pour Fer Route Air Mer) fut créée en 1949 par son beau-père Philippe Polderman, le deuxième époux de sa mère. 

Toute la famille, à commencer par sa demi-sœur Marie-Christine Chaubet, y travailleront. 

Il franchira tous les échelons. A 14 ans, il gratte déjà des billets. Il n'a pas 20 ans quand Philippe Polderman le propulse à Palma, durant les vacances universitaires avec mission d'accueillir les clients et de veiller à ce qu'ils passent de bonnes vacances. 

Peu enclin à déléguer, le président-fondateur Philippe Polderman voudra contrôler l’entreprise familiale. Il se maintiendra à la présidence du Conseil de Surveillance jusqu’à la fin de sa vie en 2006. 

La logique aurait voulu que les deux actionnaires de référence - Marie-Christine Chaubet et Georges Colson - reprennent ensemble et en bonne intelligence le flambeau de l’entreprise à la mort du patriarche. Il n’en sera rien. 

Georges deviendra en 1991, à 53 ans, le PDG du groupe, puis Président du Directoire.
 
  Neuf ans à la présidence du SNAV/Les Entreprises du Voyage
Le 20 avril 2005, il succède à César Balderacchi à la présidence du SNAV  (devenu les « Entreprises du Voyage »). 

Producteur, distributeur, hôtelier avec la chaîne des villages de vacances Framissima, autocariste, réceptif, ayant eu ses propres filiales dans les destinations les plus vendues par les agences de voyages, tous canaux confondus, Georges Colson a toute légitimité et expérience pour représenter les professionnels du voyage dans leur diversité. 

Sous sa présidence, l’accès au métier d’agent de voyages et la façon de l’exercer sont radicalement bouleversés. 

Rien ne sera plus comme avant avec la mise en place - au pas de course - de la loi du 22 juillet 2009, dite "loi Novelli". C’est la fin de l’exclusivité des agences de voyages et l’ouverture à la vente par d’autres secteurs d’activités. L’aptitude professionnelle est considérablement allégée. 

Durant ces années au SNAV, Georges fera face à une série de crises - dont le « Printemps arabe » - qui impacteront longtemps les professionnels du tourisme et des voyages.
 
  Les turbulences d’une crise qui s’éternise 
Quelques semaines après son élection au SNAV, Georges Colson quittait FRAM, faisant valoir ses droits à la retraite.  

Au fil des ans, il avait accru son poids dans l’entreprise. 

Comme sa demi-sœur Marie-Christine Chaubet, il avait détenu 40% du capital de l’entreprise familiale (Air France en possédait 8,7%). 

Il sera choisi par les actionnaires pour présider le Conseil de Surveillance. A 75 ans, il quittait cette présidence pour prendre celle, opérationnelle, du Directoire. 

Fin 2011, comme beaucoup de professionnels du voyage, l’entreprise toulousaine est victime des conséquences d’une crise qui s’éternise. 

Le dernier grand voyagiste généraliste français indépendant se tourne vers les banquiers. Georges Colson se dit prêt à ouvrir le capital à d’autres partenaires. Il deviendra consultant pour FRAM, président des filiales marocaines.  Ce sera une période compliquée.
 
  Fier de la notoriété de la marque FRAM
De toute cette vie dédiée à FRAM, il gardait la fierté. Il disait : « Je suis fier du développement, de la notoriété et de la place qu’a occupé FRAM sur le marché français. 

Quand j’ai commencé dans l’entreprise familiale, nous étions onze. Nous avons dépassé les quatre mille collaborateurs avec les filiales à l’étranger. Nous étions le troisième voyagiste après les deux majors européens implantés sur le marché français. Il y a de quoi être fier, non ? ».
 

Il gardait aussi en lui un souvenir douloureux… C’était le 4 janvier 2004. « Le matin en me réveillant, j’apprends le crash de Sharm el Sheik en Egypte, 148 victimes, 133 clients de FRAM et 13 membres d’équipage. 

Ce fut un choc et une épreuve terribles pour nous tous chez FRAM. C’est le moment de ma vie professionnelle où j’ai le plus souffert et qui me hante encore »
. Il m’en parlait encore récemment. 

Ces dernières années, Georges Colson siégeait avec enthousiasme au Bureau de l’Association des Seniors du Tourisme.  Il avait plein d’idées de sorties, de rencontres, de découvertes, qu’il organisait pour les adhérents dans sa chère Occitanie. 

Georges, ces dernières années, certains t’appelaient « le vieux lion ». Blessé, toujours tu combattais. Nous ne t’oublierons pas.

source : www.tourmag.com par Michèle SANI