Cette tournée, qui inclura des étapes clés à Agadir (16 janvier), Casablanca (17 janvier), Rabat, Tanger et d’autres villes, s’inscrit dans le cadre de la feuille de route Cap 2026 et d’une nouvelle approche de marketing territorial. L’objectif : harmoniser les visions, optimiser encore plus la collaboration public-privé et capitaliser sur les opportunités qu’offre le Maroc en tant que destination touristique majeure en Afrique et dans le monde.
Ceci, quand le tourisme marocain bénéficie d’un élan sans précédent grâce à des rendez-vous stratégiques telles que la CAN 2025, qui se tiendra du 15 décembre 2025 au 15 janvier 2026. Cet événement d’envergure continentale et internationale représente une opportunité unique de positionner le Maroc comme une destination globale, mêlant tourisme sportif, culturel et d’affaires. A la bonne heure avec beaucoup de pain sur la planche quand même.
Car, ne l’oublions pas, le secteur fait face à des défis structurels contraignants :
-Décalages budgétaires : Les budgets 2024 des CRT ne seront débloqués qu’entre mars et juin 2025, un retard de 12 à 18 mois qui pourrait freiner les actions touristiques régionales.
-Ressources humaines insuffisantes : Certaines délégations stratégiques manquent de personnel, bien que leur efficacité reste notable.
-Communication limitée : La gestion des relations publiques de l’ONMT se limite souvent à des communiqués de presse, rendant les échanges avec les acteurs privés et publics peu accessibles ou dynamiques.
-Gouvernance déséquilibrée : Sur 22 administrateurs, seuls quatre membres représentent directement les acteurs privés (FNIH, FNAAVM, CNT, OT), ce qui limite l’impact de la collaboration public-privé.
En regard de cela, peut-on s’attendre vraiment à une nouvelle vision sous la houlette d’Achraf Fayda?
Vraisemblablement, sa tournée vise à présenter en principe son premier plan de développement et à détailler les budgets augmentés d’ici 2030. Ce plan s’articule autour de trois axes principaux :
1. Renforcer le marketing territorial: La nouvelle approche tend à promouvoir une offre touristique régionale différenciée, en s’appuyant, d’une part, sur Les “Marketing National Days” et “Marketing Régional Days” : des rencontres annuelles pour aligner les stratégies nationales et locales. D’autre part, sur le Grand Salon du Tourisme Interne et International : un événement majeur combinant BtoC (Business to Consumer) et BtoB (Business to Business), intégrant les DMC (Destination Management Companies).
Les deux permettront de mieux positionner chaque région sur la carte touristique mondiale tout en répondant aux besoins des touristes nationaux.
2. Capitaliser sur les événements internationaux: La CAN 2025 constitue un levier exceptionnel pour attirer des visiteurs internationaux et consolider la réputation du Maroc comme leader africain du tourisme. Une communication ciblée, associée à des campagnes publicitaires nationales et internationales, serait opportune pour maximiser l’impact de cet événement.
3. Améliorer la logistique et l’expérience client: Pour répondre à la hausse prévue du nombre de visiteurs, l’ONMT devra travailler en étroite collaboration avec les acteurs locaux afin de garantir une infrastructure d’accueil performante, incluant l’hébergement, le transport et les services touristiques, d’éviter les ruptures dans la chaîne de prestations, en particulier lors de grands événements et d’accroître la formation professionnelle pour pallier le manque de ressources humaines qualifiées.
L’un des défis majeurs d’Achraf Fayda sera de rattraper les retards budgétaires et de garantir une utilisation efficace des financements. L’augmentation des budgets d’ici 2030, combinée à une gestion optimisée, devrait permettre une intensification des campagnes de communication nationale et internationale. De même qu’une consolidation des accords commerciaux entre l’ONMT et les tour-opérateurs (TO) et un soutien accru aux CRT pour développer des initiatives locales cohérentes et percutantes.
Mais pour que ces efforts portent leurs fruits, il sera indispensable d’améliorer inévitablement la gouvernance et de renforcer la représentation des acteurs privés au sein des organes décisionnels.
Tout de même réconfortant que le Maroc se positionne en acteur majeur du tourisme en Afrique, avec des prévisions de croissance soutenues pour 2024 et au-delà. Toutefois, pour atteindre cet objectif, il faudra assurer une équité régionale, en intégrant pleinement les dix autres régions du royaume dans les stratégies de développement, accroître la collaboration public-privé, en donnant davantage de poids aux représentants du secteur privé dans la prise de décision et maintenir un haut niveau de qualité des services, essentiel pour fidéliser les visiteurs et améliorer la compétitivité.
La tournée d’Achraf Fayda est donc bien plus qu’un simple exercice diplomatique : elle symbolise une volonté de transformation et d’innovation pour faire du Maroc une destination phare, non seulement en Afrique, mais également à l’échelle mondiale.
A préciser, selon notre confrère Mustapha Amal que L’ONMT annonce, dans son communiqué, sa tournée nationale conçue pour « consolider les relations avec les professionnels », recueillir leurs besoins, et ajuster ses stratégies aux spécificités locales. Cette démarche est, effectivement, pertinente dans un secteur où l’adaptation aux réalités régionales était quelque peu laissée pour compte.
L’accent mis sur le dialogue direct, l’implication des Conseils Régionaux du Tourisme et la prise en compte des particularités des 12 régions témoigne, en principe, d’une volonté de décentralisation et de proximité. Cela montre une reconnaissance des spécificités culturelles et économiques des régions, ce qui est évident pour un pays dont la richesse touristique repose sur la diversité de son patrimoine.
Cependant, cette intention doit être suivie d’une exécution concrète et mesurable. L’absence d’éléments quantifiables dans le communiqué, tels que des objectifs précis ou des indicateurs de performance, affaiblit l’impact de l’annonce en la confinant à une dimension essentiellement déclarative. En fait, un langage institutionnel parfois redondant. Dans ledit communiqué, l’ONMT met en avant son rôle de « catalyseur du développement touristique » et insiste sur une approche collaborative. Cette vision est ambitieuse dans un secteur où les synergies entre acteurs publics et privés sont inévitables. Néanmoins, l’efficacité de cette collaboration repose sur la capacité à transformer les échanges en actions concrètes. Le communiqué ne donne pas de visibilité sur les mécanismes qui seront mis en place pour traduire les propositions des professionnels locaux en initiatives tangibles. L’absence d’un calendrier détaillé, d’un budget alloué ou de projets pilotes limite sans doute la portée de cette ambition. Le communiqué évoque un « contexte marqué par une forte reprise et un intérêt croissant pour les destinations marocaines ». Cette mention, bien que pertinente, aurait pu être mieux exploitée pour situer cette tournée dans un cadre international plus large. Par exemple, quelles tendances globales du tourisme l’ONMT entend-il capitaliser ? Comment le Maroc se positionne-t-il réellement face à ses concurrents directs (Tunisie, Égypte, Turquie) ? L’intégration d’une perspective comparative ou d’un bilan des résultats récents du tourisme marocain aurait permis de renforcer la crédibilité et la portée stratégique du message.
Dans la forme, le style du communiqué de l'ONMT se caractérise par un ton institutionnel et des expressions parfois redondantes, comme « croissance durable et inclusive » ou « aligner les efforts ». Si ces termes soulignent des priorités stratégiques, ils manquent de clarté et de spécificité. Par exemple, les expressions « besoins locaux » ou « propositions concrètes » restent vagues sans illustration par des exemples concrets ou des initiatives déjà envisagées.
Ce type de langage peut diluer l’impact du message et réduire la perception d’authenticité ou d’urgence. Il aurait été plus convaincant d’inclure des détails précis sur les défis identifiés, les opportunités majeures ou des exemples d’actions concrètes à court terme.
Source : premiumtravelnews.com/ par mustapha amal