Le tourisme national en phase terminal


Rédigé le Samedi 30 Octobre 2021 à 12:34 | Lu 56 commentaire(s)

Dans la longue liste des décisions gouvernementales hâtives, brutales et irréfléchies, il y a, en plus du passe sanitaire et ses conséquences calamiteuses, la suspension, à partir du mardi 20 octobre, des liaisons aériennes depuis et vers trois grands pays européens, (Allemagne, Royaume-Uni et les Pays-Bas) qui se trouvent être de principaux marchés émetteurs du tourisme.


Dans la longue liste des décisions gouvernementales hâtives, brutales et irréfléchies, il y a, en plus du passe sanitaire et ses conséquences calamiteuses, la suspension, à partir du mardi 20 octobre, des liaisons aériennes depuis et vers trois grands pays européens, (Allemagne, Royaume-Uni et les Pays-Bas) qui se trouvent être de principaux marchés émetteurs du tourisme.
 
   Cette décision, devenue effective le même jour que son annonce (!), prise « en raison de l’évolution de la pandémie» dans ces trois pays, a plongé les professionnels du secteur dans une grande consternation mâtinée de colère. « On voudrait tuer définitivement toute reprise du secteur qui commence à peine à relever la tête qu’on ne s’y prendrait pas autrement », lance exaspéré un hôtelier de Marrakech qui fait part de son incompréhension largement partagée par ses collègues.
 
   En effet, il existe une alternative à la suspension brutale des vols, en l’occurrence la présentation par les passagers concernés du passe sanitaire ou un test PCR négatif. Pourquoi les autorités marocaines n’ont-elles pas privilégié ces outils pourtant largement utilisés par de nombreux pays? Le mystère n’est pas aussi épais que ça. Derrière ces coups de massue récurrents (pass vaccinal et suspension des liaisons aériennes) se trouve un seul homme : Khalid Ait Taleb. Encore lui.
 
 Devant les députés mardi 26 octobre, il a non seulement assumé ces décisions brutales et préjudiciables pour la reprise touristique mais il a persisté et signé en affirmant ne pas hésiter à ordonner de nouveau la fermeture de l’espace national avec les pays jugés  sanitairement problématiques! L’ONMT peut organiser les actions de promotion qui lui plaisent, tenir les salons qu’il veut à l’étranger comme celui récent de Londres pour faire revenir les touristes au Maroc, le ministre-anesthésiste du gouvernement n’en a cure...
 
  C’est lui qui a le droit de vie ou de mort sur l’économie nationale. Incroyable mais vrai! Du coup, les voyageurs marocains qui ont programmé leur retour au bercail  le jour même ou le lendemain de l’annonce de cette magnifique décision se sont retrouvés pris au dépourvu, obligés de se débrouiller pour quitter l’Allemagne, l’Angleterre ou la Hollande. L’improvisation c’est tout un art !
 
  Les dégâts sont également touristiques dans les rangs des ressortissants des trois pays qui avaient réservé leur avion et séjour pour se rendre au Maroc. C’est le cas par exemple de ce richissime anglais qui a programmé l’organisation d’un grand mariage avec quelque 300 invités dans un hôtel de luxe de Marrakech.
 
  Son projet tomba brutalement à l’eau, privant la ville ocre d’une belle rentrée d’argent. Comme si le couperet de la suspension des vols n’était pas assez tranchant, les opérateurs marrakchis vont recevoir un autre coup de massue sur la tête : l’annulation de la tenue à Marrakech du 30 novembre au 3 décembre 2021 de l’assemblée générale (AG) de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).
 
   Pour justifier cette décision pour le moins étonnante, le gouvernement sur injonction de Aït Taleb certainement a mis en avant l’incapacité des autorités d’organiser cette manifestation dans les conditions sanitaires requises. Finalement c’est l’Espagne qui a récupéré l’événement, à la grande frustration des opérateurs touristiques de la ville ocre qui misaient sur ce congrès pour redynamiser leur activité ravagée par la crise sanitaire. Le Maroc, nouveau champion mondial de la suspension précipitée des vols et de l’annulation des événements ?
 
 
Source : le canard libéré