Réinventer l’industrie du tourisme constitue une réaction salutaire de tous les opérateurs. Entretien avec R.Dahmaz. PAr


Rédigé le Mardi 12 Avril 2022 à 12:27 | Lu 54 commentaire(s)

Entretien réalisé par Saoudi El Amalki.

On ne présente plus Rachid Dahmaz, le sagace président du Conseil Régional du Tourisme de Souss Massa ! Son aura percutant qui va droit au but, son auréole scrutée de majesté et de grâce, font de lui le mentor implacable de l’art du tourisme dans la région qui lui est chère et le pays dont l’obsession lui martèle le tympan à longueur de journée. De quelle levure serait monté cet érudit du secteur au savoir incisif à souhait et au tact prolifique à faire agenouiller un chameau ? Il n’y a pas de secret à l’éclat de son parcours.


Le bonhomme avait bien roulé sa bosse dans les méandres de la vie, depuis son jeune âge où il avait vécu le vrai et l’ivraie, tout au long de quatre décennies d’apothéose et de galère. Cet éloquent itinéraire, riche en expertise et valeur, lui a valu l’édification d’un professionnel avéré, cultivé et circonspect, au point de se faire nom et renom, de grande qualité incontournable de la scène touristique aussi  bien à l’échelle régionale que nationale.
De son retour de Tel-Aviv où il avait pris part au Salon International de Tourisme d’Israël et fait bonne figure, au devant d’un parterre de chevronnés de l’ONMT, la CNT et les CRT du royaume, Rachid Dahmaz a bien voulu nous accorder cet entretien où il s’est exprimé sans langue de bois ni sens de dérobade, encore moins de touche de complaisance :
Al Bayane : Pourriez-vous relater la nouvelle expérience du Salon de Tourisme en Israël et quel apport en sortez-vous ? 
 
Rachid Dahmaz : Il est certain que ce nouveau marché s’insère dans l’ouverture enclenchée  par les deux pays, au cœur d’une dynamique multiforme. Le potentiel touristique de l’Etat hébreu est indéniable, de par son abondance et surtout, en ce qui nous concerne, par le lien d’historicité qui a constamment noué nombre de citoyens israéliens avec leur terre natale. Il va sans dire que notre présence en force, avec Adel El Fakir, Directeur Général de l’ONMT,  Hamid Bentaher, président de la CNT et bien d’autres responsables des CRT, ambitionne de mettre en avant les atouts majeurs de notre destination, tout en plaçant le secteur comme une composante pionnière dans l’équation de développement que préconise notre pays vis-à-vis du nouveau partenaire. Il n’en serait pas moins vrai que le support touristique serait à même de fortifier les rapports de coopération aux plans diplomatique, socio-économique et culturel. De nombreux accords d’entente ont été échangés dans le but de les fructifier dans le très proche avenir, d’autant que l’ensemble de l’écosystème du tourisme est fin prêt pour la relance, après les impacts douloureux de la pandémie. Ce serait bien entendu, une belle opportunité à saisir à bras-le-corps, pour un marché qui injecte pas moins de 8 millions de visiteurs par an sur le territoire planétaire…

 
Parlez-nous un peu de votre long parcours, de votre mandat, de votre vision et visibilité sur le secteur ! 
 
Vous savez, pendant tout mon cheminement du métier, tout en décrochant des diplômes supérieurs à l’Institut de Tanger, j’ai exercé les divers et multiples segments du secteur sans relâche, parfois même, je m’étais tombé dans l’oisiveté forcée, au point de me trouver sans le sou et passer la nuit à même le sol, à la belle étoile. En dépit de mes diplômes, j’ai appris le job sur le tas, dans les dédales de l’existence et les velléités du dessein, jusqu’au moment où je me suis fait une carrière qui m’a permis de poursuivre le chemin d’autre conquêtes. Quand on m’avait confié cette fonction à la tête du CRT d’Agadir, j’étais à la fois honoré par cette consécration, mais fort conscient de l’énormité de la tâche. Je me suis alors attelé, corps et âme, à la besogne, sans répit, avec une équipe dévouée et laborieuse et une directrice battante et studieuse. Il faut dire que j’étais mal tombé puisque, à peine ai-je entamé cette mission, que l’épidémiologie s’acharna sur le pays en mettant dans l’effroi les activités touristiques, de par la fermeture  du ciel, le confinement de l’homme et la crise de la terre. Toutefois, il importe de souligner que malgré cet alarmant handicap on a jamais cessé de mettre à contribution les moyens à bord, dans la douleur, tenir maintes réunions en distantiel, rassembler les intervenants du secteur, toutes catégories confondues pour se concerter et de s’interagir autour de moult thèmes notamment les mesures à prendre au redressement escompté…
Je tiens ici à rendre un vibrant hommage à  tous les opérateurs du secteur, les partenaires institutionnels et le corps représentatif pour la disponibilité et la persévérance dont ils ont fait preuve durant cette période marquée de peine et de douleur.  En fait, juste après l’allègement de la crise pandémique, on a organisé la première édition : «Agadir-Souss Massa Days», autour de la célébration de la destination Agadir-Souss Massa, à laquelle prenait part une  pléiade de personnalité dont tout particulièrement, la ministre du tourisme, le directeur général de l’ONMT, le président de la CNT, le Wali, le président du conseil de la région et bien d’autres. Ce colloque national, premier du genre dans les annales de l’action fédérative de l’après-covid, avait été suivi, des mois plus tard par une autre action non moins inédite cette fois-ci consacrée à la thématique des agences de voyage, au terme de laquelle de fécondes suggestions et recommandations ont été élaborées et retenues dans la synergie et la communion des voyagistes. De quoi se mettre au diapason de la chose touristique à tout acabit car il est bien question de repenser le secteur dans sa globalité.  
 
A ce propos, quelle évaluation pourriez-vous porter sur le secteur tant à l’échelon national que régional et quelle sont les panacées à leur proposer pour la relance ?

 Au fait, lorsque nous avons mis en place une panoplie de plans d’action pour l’expansion du secteur, on s’était lancé dans les séries de Visions et de l’Azur. Mais, au fil du temps, il s’est avéré que ces tentatives avaient du mal  à s’accomplir dans les conditions optimales et à remettre sur les rails de la fonctionnalité. Il va donc falloir s’occuper de la remise en marche de ces projets, à travers des plans de de réhabilitation de haute facture… On s’est donc retrouvé en retard par rapport à des destinations méditerranéennes qui nous ont dépassés de loin en terme d’affluence. A titre indicatif, nous en sommes à environs 200 000 lits et 11 millions de touristes par an, alors que la France a franchi les 80 millions de visiteurs, l’Espagne 70 millions, la Turquie 40 millions, le Portugal et la Grèce à 24 millions, l’Egypte à 9,5 millions et la Tunisie à 9 millions. Le secteur s’insère de l’élan de tous les secteurs du pays, tel par exemple plan Maroc vert et en pâtit quand cela cale par-ci, par-là. Ces destinations ont développé leur tourisme parce qu’elles ont tout simplement réinventer la façon de faire tourner les structures de leur industrie des voyages, du moment que des mutations se sont opérées dans le domaine.

En ce qui nous concerne, on serait resté, sans nul doute, sur des méthodes surannées. Il est judicieux alors de revoir nos visions et conceptions pour être à jour de changement de générations qui se produit à des cadences soutenues. Nous continuons de posséder des potentialités de haute facture, tel que le soleil clément, la mer chatoyante, la population paisible, la sécurité rassurante, la stabilité politique…Cependant, il est judicieux d’accompagner ces assises inestimables de nombre de mécanismes impératifs, basés sur la bonne gouvernance, le relèvement de la capacité litière, le transport aérien pérenne et à bas pris dont la nécessité constitue le clé de voûte de promotion d’industrie du tourisme, la formation approfondie à des   cursus gradués, l’animation inventée pour détendre et séduire le touriste, la technologie sur toute l’approche touristique qui fluidifiera le système à travers le traitement numérique instantanée…  Dans ce sens, il serait bon de se lancer dans la mise en avant d’un Institut  National des Langues en direction du secteur du tourisme, ainsi qu’un Institut National de Technologie dans lequel seront initiées les premières techniques de l’apprentissage des mécanismes de l’industrie touristique…

 
oncernant la destination de la ville  d’Agadir, considérée comme une cité de renommée balnéaire, parmi les plus prisées du globe. Néanmoins, cette notoriété qui fait sensation n’empêche guère de cacher les tares d’un tel rayonnement littoral. Tout d’abord, il est improbable que la destination puisse rivaliser avec ses homologues avec un volume d’hébergement qui frôlerait à peine les 30 000 lits et encore si on comptait aussi les hôtels à cours de rénovation. En fait, la  flotte en literie de la destination comprend quatre catégories d’hôtels : 1- bons 2- bons à rafraîchir 3- bons à retaper 4- hors classe. Il est à noter aussi, bien que de nouveaux hôtels voient le jour, d’autres établissements hôteliers continuent à se cadenasser ou s’entêter à faire sa mue. Face à cette insuffisance, il serait loisible de lancer une large campagne de fortification du taux d’accueil car il représente, dans un doute,  le piédestal de toute expansion de l’industrie du tourisme. On a beau améliorer l’aérien, hisser le niveau de services, rehausser les activités parallèles…, force est de constater que si on tn’a pas encore où loger les touristes de façon correcte, ce serait un coup d’épée dans l’eau! Dans le même ordre d’idées, il est nécessaire de rappeler la dynamique déclenchée par le Souverain en 2021, au Programme de Développement Urbain (PDU) qui permettra à coup sûr la métamorphose de la ville en terme de réaménagement. Aussi, il est primordial de valoriser l’élan salutaire qui touche toutes les constituantes de la région, Taroudant, Tiznit, Tata, Chtouka Aït Baha et Inezgane Aït Melloul, parallèlement à ce qui se fait à Agadir Ida Outanane. Un élan auquel se chargent à bras-le-corps, les divers intervenants, ce qui aura des retombées positives sur le tourisme, étant donné le potentiel que renferment toutes ces composantes.




Par S. Lamalki ALbayane