Rencontre entre Ammor et les professionnels du tourisme : un premier pas vers la relance du secteur ?


Rédigé le Jeudi 23 Décembre 2021 à 19:15 | Lu 116 commentaire(s)

Presque à marche forcée, la ministre du Tourisme Fatim-Zahra Ammor a fait un
premier pas vers la reprise en recevant mercredi 22 décembre les représentants
de la Confédération nationale du tourisme (CNT). Suffisant pour amorcer la
relance d'un secteur en apnée depuis près de deux ans ?


F atim-Zahra Ammor temporise après la salve de la Confédération nationale du Tourisme (CNT), qui a résumé avec minutie ses dix propositions pour la relance du tourisme au Maroc, dans un document diffusé le 15 décembre. Une semaine plus tard à Rabat, la ministre du royaume.

Après des consultations individuelles lancées dans la foulée de la nomination de la nouvelle ministre, cette réunion est la seconde rencontre élargie à tous les professionnels après une première début novembre. Autour de la table de discussions, Adel Fakir et Imad Barrakad, respectivement présidents de l’Office national marocain du Tourisme (ONMT) et de la Société marocaine des investissements touristiques (SMIT), auxquels se sont joints Hamid Bentahar, le président de la CNT, Lahcen Zelmat, celui de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), et Fouad Chraïbi, qui dirige l’Association nationale des investisseurs touristiques (ANIT).

“Tirer le tourisme du fond du puits” “La réunion de novembre a montré une disposition et une bonne volonté de la tutelle à écouter les doléances des professionnels du secteur. La réunion de ce 22 décembre a permis de se pencher sur les dix propositions de la CNT pour un nouveau pacte responsable, que nous avions soumises au ministère pour les étudier”, résume pour TelQuel Mohamed Semlali, président de la Fédération nationale des agences de voyage du Maroc (FNAVM), qui a participé à la réunion avec la ministre. “Plus technique, cette seconde réunion a permis de discuter et d’analyser ces dix propositions pour accompagner le secteur et essayer de le tirer de ce fond de puits dans lequel il se trouve depuis 21 mois, mais aussi préparer le futur avec la relance du tourisme au Maroc”, complète Mohamed Semlali, notant une “volonté d’implication de la tutelle” et une “confiance mutuelle établie” entre le ministère et les professionnels pour amorcer cette relance. Au cours de la séance, la question de l’indemnité forfaitaire a vite été évacuée des pourparlers en raison de leur versement effectif.

Mais leur prolongement au-delà de décembre 2021 est sans cesse revenu dans les débats. Dans le reste des mesures de soutien, les discussions se sont aussi attardées sur le renforcement du secteur aérien en préparation de la reprise, puis ils sont devenus longs sur le couperet des échéances des charges sociales, fiscales et bancaires. Sur ce dernier point, à défaut d’avoir l’aval du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), Fatim-Zahra Ammor faisait état, dans un entretien accordé à TelQuel à la mi décembre, de discussions en cours. 
 
Mise en place d’un comité technique
Aujourd’hui affectée au portefeuille des Finances, l’ex ministre du Tourisme Nadia Fettah Alaoui suit également de près les discussions. Elle a d’ailleurs mandaté pour l’occasion un représentant de son département. Sans doute une manière de répondre aux critiques pour avoir accordé peu de place au tourisme dans la Loi de Finances 2022, alors qu’elle connaît bien les difficultés du secteur. C’est en quelque sorte son legs à Fatim- Zahra Ammor qui se joue. 
 
“A l’issue de cette séance de travail, il a été décidé avec la Confédération nationale du tourisme de mettre en place un comité technique pour l’opérationnalisation des mesures de soutien dans les plus brefs délais”, indique un communiqué du ministère du Tourisme parvenu à la rédaction. Sans précision de la date et du procédé, la solution pour l’application de ces mesures semble ne pas avoir émergé de la rencontre. Le contexte morose autour de la réunion fournit une première explication.
Justifiée par un principe de précaution maximale du Maroc pour faire face à la propagation du variant Omicron, la fermeture totale des frontières jusqu’au 31 décembre minimum a douché les espoirs d’une reprise du secteur pendant les fêtes de fin d’année. Plus encore, cette fermeture met en berne le moral des opérateurs touristiques. Même le tourisme interne fait grise mine avec le retour des mesures restrictives, du moins limitatives de la stimulation du marché de l’intérieur, à l’instar de la réinstauration, pour le Nouvel An, du couvre-feu, de la fermeture des restaurants et de l’interdiction des célébrations.
Vers un dialogue pour la relance ? 
 
“A l’issue de cette séance de travail, il a été décidé avec la Confédération nationale du tourisme de mettre en place un comité technique pour l’opérationnalisation des mesures de soutien dans les plus brefs délais”, indique un communiqué du ministère du Tourisme parvenu à la rédaction. Sans précision de la date et du procédé, la solution pour l’application de ces mesures semble ne pas avoir émergé de la rencontre. Le contexte morose autour de la réunion fournit une première explication.
Justifiée par un principe de précaution maximale du Maroc pour faire face à la propagation du variant Omicron, la fermeture totale des frontières jusqu’au 31 décembre minimum a douché les espoirs d’une reprise du secteur pendant les fêtes de fin d’année. Plus encore, cette fermeture met en berne le moral des opérateurs touristiques. Même le tourisme interne fait grise mine avec le retour des mesures restrictives, du moins limitatives de la stimulation du marché de l’intérieur, à l’instar de la réinstauration, pour le Nouvel An, du couvre-feu, de la fermeture des restaurants et de l’interdiction des célébrations.
Vers un dialogue pour la relance ? 
Dans ce contexte, la réunion peut-elle conduire à l’ouverture d’un  
d’une task-force publique-privée incluant les professionnels du secteur et les partenaires institutionnels dont le ministère du Tourisme. Le comité technique que l’on vient de mettre en place va permettre de se pencher sur les modalités de ces dix points mais aussi sur une nouvelle vision d’un tourisme après le Covid- 19”, répond Mohamed Semlali, le président de la FNAVM.
Toujours est-il que les opérateurs du secteur ont un cahier revendicatif encore chargé. Le jour même de l’annonce de la fermeture des frontières, le président de la FNIH Lahcen Zelmat adressait une lettre salée à Aziz Akhannouch. Cet opérateur majeur du secteur réclamait au chef du gouvernement l’application de toutes les mesures du contrat-programme signé en août dernier.
Loin d’être convaincu par les réponses de la ministre lors sa dernière séance de questions orales devant les députés le 20 décembre, le Groupement des associations régionales des restaurants touristiques du Maroc a pour sa part poussé la métaphore à l’extrême en parlant d’“euthanasie” de leur domaine dans un communiqué diffusé cette semaine. 
 
Aujourd’hui, une chose est sûre : le tourisme au Maroc traverse une crise sans précédent. Avec cette série de réunions lancées ces deux derniers mois, Fatim-Zahra Ammor semble avoir fait un premier pas vers un dialogue, sans avoir une grande marge de manœuvre et une palette de solutions. Les opérateurs eux, veulent aller plus loin, mais après le règlement rapide de leurs urgences. La réconciliation des deux positions passe peut-être par l’ouverture d’un vrai dialogue. 
 
 
Source: TelQuel  par  Ibrahima Bayo Jr