Argument avancé : L’opération des dénominations des régions s’est faite sur la base des conclusions et les recommandations consignées dans le rapport de la commission consultative de la régionalisation préparé par cette dernière après une série de concertation avec les partis politiques, les corps élus, les acteurs de la société civile et un aréopage de chercheurs et d’experts. Autrement dit, circulez, il n'y a rien à revoir, cingle M. Laftit dont le raidissement sur ce dossier est a priori incompréhensible. Il est vrai, comme il l’a expliqué dans sa lettre, que les forces vives de la région ont péché sur cet aspect par un manque de vigilance. Mais il n’est jamais trop tard pour rectifier le tir surtout lorsqu’il s’agit d’un ajout qui ne bouleverse en rien la structure de l’appellation, un petit réglage de forme mais qui revêt une grande importance pour le développement touristique d’une région majeure et stratégique dont la capitale, Agadir, déploie des efforts considérables pour retrouver son éclat touristique de naguère. Incorporer Agadir dans son appellation régionale ne serait que justice puisque la majorité des dénominations des autres grandes régions commencent par les noms de leurs chefs lieu : Marrakech-Safi, Casablanca-Settat, Fès-Meknès Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Beni-Mellal-Khenifra, Dakhla-Oued Eddahab, Laayoune-Sakia El Hamra...
Et puis, les noms des régions en général ne sont pas gravés dans le marbre de la sacralité. Ils peuvent être sujets à réaménagement si la revendication est portée par l’ensemble des acteurs d’une ville. Et last but not least, l’abréviation en trois lettres d’Agadir Souss-Massa (ASM) sonne mieux que celle de Souss-Massa (SM) qui peut en revanche prêter à certaines confusions très peu flatteuses. C’est pour cela qu’une autre députée, cette fois-ci du RNI, Zina Idhli, revient à la charge dans une correspondance écrite en date du 19 janvier 2023 où elle interpelle le ministre «sur la possibilité d’adopter l’appellation Agadir-Souss-Massa » au lieu de la dénomination actuelle Souss-Massa.
«La région d'Agadir»
En guise d’arguments, l’élue met l’accent sur la notoriété d’Agadir comme « mot-clé » pour la promotion non seulement de la ville en tant que porte d’entrée mais aussi des autres composantes de son arrière-pays touristiquement riche (Tiznit, Tata, Taroudant, Chtouka-Ait Baha qui forment les provinces de Souss-Massa). Ce qui peut de prime abord apparaître comme un détail insignifiant ou un caprice d'élus est en vérité une réclamation qui découle d’une nécessité impérieuse pour que Agadir en tant que chef-lieu retrouve sa place dans l’appellation territoriale de la région. Ce n’est pas normal que le nom d’Agadir soit absent de la dénomination territoriale réduite à deux vocables (Souss et Massa) qui n’évoquent pas grand-chose pour le touriste étranger lambda et même pour nombre de TO. A l’heure du tourisme digital, Agadir n’est pas un vain mot. Bien au contraire... «Il nous est apparu environ une décennie après son entrée en vigueur que la dénomination Souss-Massa n’est pas un atout pour le développement touristique d’Agadir et de toute la région», explique un opérateur hôtelier local.
«Souss-Massa est une appellation quelque peu réductrice qui handicape nos efforts de promotion d’Agadir et de toute la région», renchérit un agent de voyages. En un mot comme en mille, Agadir-Souss-Massa est plus vendeur que Souss-Massa seul. Alors, M. Laftit, rendez Agadir à sa région. Cela ne vous coûte rien mais peut coûter à la ville en termes de visibilité sur les marchés émetteurs de tourisme. « Il est inconcevable qu’en dépit de la centralité géographique de la Région d’Agadir, en dépit de ses ressources, de ses potentialités, certaines infrastructures de base s’arrêtent à la hauteur de Marrakech», avait déclaré en 2019 S.M le Roi Mohammed VI dans son discours à l’occasion du 44ème anniversaire de la Marche verte. Le souverain, qui nourrit d’immenses desseins pour Agadir où il a lancé en 2020 une série de projets structurants dont la déclinaison régionale du programme d’accélération industrielle et le programme de mise à niveau urbaine de la ville, a bel et bien parlé de «la région d’Agadir » et non de « Souss-Massa». Tout un symbole qui porte ici toute sa signification.