En fait, les liaisons aériennes directes entre le Maroc et la Chine, renforcées depuis 2024, traduisent une stratégie géoéconomique mûrement réfléchie. Avec 5 vols hebdomadaires sur Casablanca-Pékin et la présence consolidée de China Eastern Airlines sur Shanghai-Casablanca, le Maroc optimise vraiment son attractivité. Et pour cause, selon l’IATA, chaque vol long-courrier génère un impact économique annuel de 170 millions de dollars pour les destinations desservies, un chiffre en hausse de 13 % depuis 2023.
En 2025, 18 millions de Chinois devraient voyager hors d’Asie (Dragon Trail International). Le Maroc mise sur les segments premium et ultra-luxe, où les dépenses moyennes atteignent 3 000 $ par séjour (McKinsey, 2024), avec une croissance de 20 % annuelle pour les expériences sur mesure.
Dans ce cadre, la tournée 2025 des professionnels en Chine fédère un réseau d’acteurs marocains en majorité les agences de voyages DMC, des palaces (tel le futur projet de luxe à Dakhla), expériences exclusives (randonnées dans l’Atlas, art contemporain à Marrakech) – et des géants chinois comme Ctrip, Fliggy et Meituan. Objectif : proposer des packages intégrant réalité augmentée (visites virtuelles de Volubilis) et services phygitaux (réservations via mini-applications WeChat).
Justement, l’ONMT double sa présence à l’ITB China, où 90 % des agences de voyage chinoises sélectionnent leurs partenaires. En parallèle, des campagnes TikTok Live et des collaborations avec des influenceurs chinois (comme Li Jiaqi, « le Roi des Ventes ») mettent en scène des récits émotionnels : nuits sous les étoiles du Sahara marocain, ateliers de poterie berbère, ou escapades gastronomiques avec des chefs étoilés.
Dieu merci, face à des concurrents agressifs (Turquie, Émirats, Arabie Saoudite), le Maroc mise plutôt sur son patrimoine vivant et sa durabilité. Pour info, notre pays compte désormais 12 sites UNESCO et ambitionne sans sourciller la certification « Green Destination » pour 10 villes, un argument-clé pour les voyageurs chinois soucieux d’écologie.
Pour répondre aux attentes des voyageurs chinois, le secteur marocain a déployé des formations certifiantes (en partenariat avec l’Université de Shanghai) sur les protocoles de luxe asiatiques : services de conciergerie intégrant l’IA, menus *fusion* sino-marocains, ou programmes de fidélisation via Alipay.
Cette offensive stratégique de l’ONMT en 2025, opération marketing certes, est sans doute accompagnée d’une vision à long terme. En capitalisant sur une connectivité aérienne renforcée, les attentes des milliardaires nomades chinois et le storytelling numérique, le Maroc pourrait, pourquoi pas, décupler ses arrivées chinoises d’ici 2028 (objectif : 500 000 visiteurs annuels).
A condition, bien sûr, d’entretenir une collaboration transsectorielle des écosystèmes intégrant transporteurs, hôteliers et startups tech locales, tout en faisant preuve d’agilité réglementaire dans la généralisation des e-visas instantanés et exemptions de taxes pour les tours-opérateurs premium. Il serait également judicieux de faire preuve d’innovation durable, comme la labellisation, par exemple, des circuits « zéro carbone » et développement d’infrastructures éco-intelligentes.
En épousant les aspirations de la Chine de 2025 – entre hyperconnectivité et quête d’authenticité – le Maroc peut écrire une nouvelle page de son histoire touristique, où les caravanes d’autrefois cèdent la place aux flux numériques.
source : par mustapha amal premiumtravelnews.com