Après trois éditions annulées en raison de la pandémie, une importante délégation composée de membres de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), de la Confédération nationale du tourisme (CNT) et de nombreux opérateurs, sera présente à l’ITB Berlin, pour promouvoir la destination Maroc, alors que le nombre d’arrivées allemandes ne cesse de baisser depuis presque six ans. Le plus grand salon mondial du tourisme, qui se déroule à Berlin du 7 au 9 mars, rassemble plus de 10.000 exposants issus de 180 pays, "La période du Covid a aggravé la désaffection du marché allemand" Fin connaisseur de ce marché étranger, le directeur du conseil provincial du tourisme de la ville de Ouarzazate, Zoubir Bouhoute, promet une présence massive des institutionnels marocains (offices du tourisme, membres des secteurs privé et associatif), mais aussi d’hôteliers, de voyagistes et de nombreux autres prestataires de services qui tâcheront de prendre des commandes pour inverser la tendance. "Ce salon sera l’occasion de redoubler d’efforts afin de récupérer cet important marché émetteur européen, en déperdition depuis 2017. En effet, le nombre de nuitées allemandes est resté quasiment stable entre 2017 et 2019 (1.745.127 en 2017 ; 1.872.527 en 2018 ; 1.745.560 en 2019), alors que celui des nuitées totales, toutes nationalités confondues, est passé de 22,1 millions en 2017 à 25,24 millions en 2019, soit un taux de croissance de 14,22%" , constate, amer, Zoubir Bouhoute. La période du Covid n’a d'ailleurs fait qu’aggraver la tendance baissière entamée en 2017, déplore-t-il.
La régression due à la crise sanitaire a en effet été beaucoup plus forte au niveau de ce marché en 2020 (-81%), contre seulement -72% pour le volume global des nuitées étrangères. S’appuyant sur les chiffres officiels de l'Observatoire national du tourisme, Zoubir Bouhoute met en exergue le fait que si en 2021, les nuitées totales ont progressé de 32% par rapport à 2020, celles en provenance d’Allemagne ont continué à régresser de -79%, soit un recul total des nuitées allemandes de -96% par rapport à celles de 2019. Une baisse inexorable qui s’est traduite par un taux de récupération très faible, limité à 3,97% en 2021 par rapport à 2019, contre un taux de récupération global de 36,42% pour la même période. "Renforcer la connectivité aérienne" Face à ce constat observé depuis trois ans, l’ONMT et la CNT ont multiplié les actions communes pour doubler le flux touristique, en diversifiant leurs partenariats avec les prescripteurs de voyages. En 2022, le marché allemand a drainé 5,3 millions de touristes en Espagne, 3,7 millions en Italie, 2,8 millions en Turquie, 2 millions en Croatie et à peine 171.000 au Maroc, contre 413.000 en 2019. Le renforcement de l’offre aérienne, avec davantage de transporteurs (lignes régulières et charters) pour le desservir, était donc une priorité. "Pour la saison 2022-2023, une offre de 555.194 sièges aériens a été injectée, soit une croissance de 25% par rapport aux 445.407 sièges de la saison 2019-2020, avec des routes aériennes qui desserviront Casablanca, Marrakech, Agadir, Tanger, Fès, Nador et Oujda en provenance de Berlin, Francfort, Düsseldorf, Baden-Baden et Cologne" , rappelle Zoubir Bouhoute. Un effort jugé insuffisant compte tenu de l’énorme potentiel encore inexploité de ce marché émetteur étranger. Multiplier les campagnes de promotion Conscients de l’importance de ce marché qui a généré 46,5 millions de voyages à l’étranger en 2022 contre 55,1 en 2021, et réservé plus de la moitié (51%) des voyages organisés dans les agences de voyages et tour-opérateurs, les opérateurs publics et privés marocains ont développé les relations publiques et les campagnes digitales, et renforcé leur présence sur les salons BtoC et dans les médias allemands. Afin de stimuler la demande allemande, l’ONMT et la CNT ont mis en place un tableau de bord intitulé "ToolBox Taskforce German Market". Il reprend les principales caractéristiques du premier marché émetteur en Europe, dont la structure démographique et la proximité avec le Maroc permettront de résoudre la problématique de la saisonnalité, qui continue de fragiliser l’activité de certaines destinations. "Augmenter l’offre d’hébergement hôtelière"
"Les professionnels devront également proposer des offres régionales d’hébergement suffisantes pour être en mesure de répondre aux exigences de capacités litières des 2.300 tour-opérateurs allemands qui, dans leur grande majorité, ne s’engagent pas dans des destinations qui comptent moins de 40.000 lits" , indique notre interlocuteur. "S’il est vrai que les destinations culturelles de Marrakech ou balnéaires d’Agadir-Taghazout disposent de tailles critiques acceptables et nécessitent surtout de revoir certaines structures vétustes, les régions de l’Oriental et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima gagneraient à présenter des capacités d’hébergement suffisantes pour séduire des tour-opérateurs aux visées quasi industrielles." Zoubir Bouhoute n’exclut pas que le Maroc remplisse toutes les conditions précédemment énoncées pour parvenir à développer ce marché à l’horizon 2027 ou, au plus tard, en 2028.
Source: Medias24 par Samir El Ouardighi
Source: Medias24 par Samir El Ouardighi