Travelport vient de lancer sa nouvelle plateforme, qui vise à transformer le modèle traditionnel du GDS, pourtant basé sur des algorithmes particulièrement performants capables de mixer prix/disponibilité avec une productivité inégalable. Mais la nécessité de pousser du rich content via XML, avec comme objectif d’apporter de la valeur ajoutée aux offres, implique un basculement technologique.
Les compagnies aériennes traditionnelles comme les GDS, n’étant pas natives de ce langage, à l’inverse des compagnies low cost, doivent se remettre en cause. Alors, qu’en est-il des milliards d’euros d’investissement consacrés par les GDS depuis plus de 20 ans pour garantir la meilleure productivité possible des réservations ? Fonds perdus ou capacité de rebond préservée ? Nous avons interviewé Damiano Sabatino de Travelport.
Interview de Damiano Sabatino, Vice-President et Managing Director Account Management Europe de Travelport
i-tourisme : Vous lancez Travelport + (voir article). Encore un investissement en millions d’euros, voire plus ! Est-ce une course en avant ? Pensez-vous pouvoir gardez votre leader ship métier ? En un mot, qu’en est-il de votre pérennité ?
Damiano Sabatino : Votre question est la réponse. Elle pose l’alternative que le marché observe en ce moment. S’appuyer sur une expérience et des acquis, en l’occurrence les nôtres, ou pour partir d’une page blanche en mode agile afin de créer une disruption suffisante pour emporter la mise ! Mais nous pensons avoir la réponse. Nous avançons en parallèle. Le système ATPCO/ OAG perdure au sein de notre plateforme et cohabite avec d’autres langages. Voilà toute la différence entre le modèle GDS et la plateforme.
i-tourisme : Pouvez-vous développer ?
Damiano Sabatino : Le modèle GDS gravite autour du langage ATPCO/ OAG. Aujourd’hui, cela ne suffit plus. NDC exige le recours au langage XML en particulier pour pousser les flux des ventes additionnelles avec force photos et vidéos. La rupture se situe là. D’où le lancement d’une plateforme qui autorise la gestion de flux de nature différente. Tout repose dorénavant sur multiplication des API qui permet de connecter autant de sources que souhaité. La révolution elle est là. C’est celle des API.
i-tourisme : Alors entre GDS et start-up innovante ?
Damiano Sabatino : Et bien justement, Traveport + est une plateforme qui gère aussi bien les langages ATPCO/OAG ou l’XML, qu’une interface géniale lancée par une start up créative. Nous prenons tout ce que le marché montre d’utile, sans discriminance, du moment que l’objectif consiste à améliorer la distribution des offres.
i-tourisme : Vous ne craignez donc pas une concurrence nouvelle avec des nouveaux entrants ?
Damiano Sabatino : Ils ne s’affichent pas comme des concurrents, mais comme des partenaires. Nous les encourageons. De toutes les façons ils auront besoin de notre contenu pour alimenter leur applicatif. En finalité, nous sommes passés d’un modèle fermé à un modèle ouvert grâce aux API. Traveport + devient une plateforme multi flux gérant l’agrégation très puissante d’ATPCO/OAG comme d’autres outils SBT, s’ils présentent des avantages utilisateurs pour la distribution.
i-tourisme : Mais soyons clairs. Vous évoquez la puissance d’ATPCO/OAG. Vous auriez pu également souligner la rapidité des temps de réponse : elle est infime au point que les agences obtiennent le retour de leur requête en temps réel, soit immédiatement. Comment va réagir la distribution si les temps d’attente s’allongent avec le rich content ?
Damiano Sabatino : Il s’agit en effet de placer le curseur au bon endroit. Tout se mesure. Si 2 secondes de temps de réponse représentent la jauge maximum tolérée par la distribution, il faut rester dans cette fourchette. Tout est une question d’équilibre entre la productivité attendue lors d’une requête et la richesse du contenu. L’objectif reste de basculer sur le langage XML sans diminution des performances.
i-tourisme : Quoiqu’il en soit, à date, NDC est loin de remplacer ATPCO/AOG.
Damiano Sabatino : IATA prévoyait il y a 2 ans, une migration progressive avec seulement, à court terme, une vingtaine de compagnies aériennes capables d’exploiter NDC. Avec la crise du Covid, le calendrier vient d’exploser. Mais de notre côté, nous avons toujours pensé qu’il fallait compter avec le temps. Impossible de muter d’un système à un autre du jour au lendemain. C’est bien pour cette raison que les réservations peuvent s’effectuer, en toute transparence, sur les deux langages en parallèle, la mieux-disante ressortant. Une plateforme ouverte vous autorise à tout mixer en parfaite flexibilité.
i-tourisme : Donc une migration progressive. Pour conclure, les observateurs ne pronostiquent pas un retour à la normale avant 2024, voire plus loin… De votre côté, quelle est votre analyse ?
Damiano Sabatino : Nous mesurons le marché au niveau global, puisque Travelport est une entreprise mondiale aussi bien pour les réservations de vol, de train, des hôtels ou des voitures. Nous constatons déjà une reprise et elle est même forte au niveau domestique. De notre point de vue, avant 2024 le redémarrage sera significatif.
SOURCE : HYPERLINK « HTTPS://WWW.QUOTIDIENDUTOURISME.COM/ » HTTPS://WWW.QUOTIDIENDUTOURISME.COM/ PAR RÉMI BAIN-THOUVEREZ