Ambassadeurs de l’image du Maroc chez les partenaires et clients des marchés touristiques étrangers, les DMC marocaines s’aperçoivent que le Gouvernement leur tourne encore le dos et semble moins regardant quand il a exclu les agences de voyages en général des bénéficiaires des fameuses 5 mesures de soutien au secteur du tourisme. N’empêche que les DMC tiennent à garder leur fierté et regarder au-delà du soi-disant soutien n’ayant d’ailleurs pas bénéficié à tous les corps de métiers connus et finalement pas reconnus. En retour, ils espèrent l’ouverture des frontières au terme du 31 janvier, comme ultime alternative de regain de confiance et solution extrême au retour du business, sans quoi la déclaration sans appel de la faillite est inéluctable.
Plus un cri de colère qu’un cri de cœur, le MTMC, corporation regroupant les agences DMC marocaines, a envoyé, fin de la semaine dernière, un courrier à Mme la ministre du Tourisme avec copie aux présidents de la CNT et de la FNAAVM où il constate que « la publication en date du 18 Janvier 2022 d’un plan d’urgence du secteur touristique dont le contenu nous a laissé perplexe, et nous conduis à vous signifier haut et fort notre désapprobation totale par rapport à celui-ci ». Sachant qu’après « 2 ans de résilience, les voyagistes du Moroccan Travel Management DMC Club armés d’une patience inégalée mise à rude épreuve ont fait face à une situation drastique et jamais vécue auparavant dans un contexte inédit et au-delà du supportable », note Azzedinne Skalli, Président du MTM Club. Et de faire remarquer que « dans un environnement extrêmement pénalisant de fermeture précipitée de toutes les frontières et ce depuis plus de deux mois (sans aucune visibilité sur la date de réouverture estimée), la publication en date du 18 Janvier 2022 d’un plan d’urgence du secteur touristique dont le contenu nous a laissé perplexe, et nous conduis à vous signifier haut et fort notre désapprobation totale par rapport à celui-ci ».
Un plan d’urgence que le MTM Club réfute d’emblée dans sa mouture actuelle qui « demeure totalement insuffisant. Il est de la responsabilité du Ministère du Tourisme de revoir ses contours, de manière à corriger cette injustice dont nous sommes victimes et réellement exclues de cette volonté de sauvegarder le secteur du tourisme », précise le Président de la corporation, en s’indignant du fait que « nous retrouver mis à l’écart de façon aussi flagrante alors que nous contribuons pleinement à l’évolution harmonieuse du secteur nous questionne sur la pérennité de notre métier que nous exerçons avec passion et dévouement depuis toujours ».
Malgré cette mise à la touche des DMC, le MTM Club déclare ne pas s’abandonner totalement au désespoir et à bannir tout dialogue constructif avec l’administration. En effet, Azzeddine Skalli affirme que les membres du Club sont «prêts à apporter au besoin notre valeur ajoutée pour asseoir une véritable logique de travail dans un cadre adapté défini conjointement en nous basant sur une collaboration censée entre le public et le privé et ce en toute intelligence collective pour opérer une véritable aide à la reprise. Pour cela, nous appelons à l’accompagner d’actions concrètes et porteuses de sens sur plusieurs thématiques dans le but de sauvegarder les ressources et aider à la relance :
- Condition préalable et sine qua none à la reprise : La réouverture IMMINENTE des frontières pour amorcer une réelle relance. Notre voeu est celui de reprendre nos activités et nous remettre sérieusement au travail afin de pouvoir nous consacrer à nos clients et à nos partenaires.
- Série de mesures économiques d’aide à la reprise, tels que la modification de la nature de l’indemnité forfaitaire telle qu’elle est définie actuellement. En effet d’une part, celle-ci encourage les entreprises à se maintenir en arrêt d’activité et à laisser les employés au chômage technique et d’autre part elle ne prend pas en compte la grande variabilité des profils et donc des rémunérations des employés de cette industrie. Dans une optique de préparation à la reprise, cette indemnité devrait encourager le retour au travail et accompagner toutes les catégories d’employés du tourisme.
En lieu et place, le MTMC propose alors une indemnité indexée sur le salaire net déclaré de l’employé à hauteur de 50% du salaire net tout en maintenant un plafond pour le montant de l’indemnité à 5000 dirhams /mois. Celle-ci serait mise en place automatiquement dès qu’il y a des restrictions de déplacement mises en place et jusqu’à 3 mois après la levée de l’état d’urgence (Temps nécessaire pour redémarrer l’industrie au minimum). Dès lors les conditions de maintien du nombre d’employés par rapport à ceux déclarés en Février 2020 n’ont plus lieu d’être.
Dans le même sillage des propositions suggérées, il propose également :
– L’exonération de l’IR pour 2022 et prise en charge des charges sociales par l’Etat et cela dans le but d’améliorer la compétitivité des entreprises touristiques et d’alléger les charges fixes pour les aider à redémarrer l’activité
– Réduction des taxes locales et professionnelles de 50 % pour les années 2022 & 2023
– Le reprofilage des crédits garantis par l’Etat Damane Oxygène et relance en crédit long terme afin de libérer de la trésorerie indispensable pour engager les dépenses nécessaires à la reprise (investissements, marketing, actions commerciales, etc.)
Pour ce qui est des mesures visant à stimuler la demande pour la destination Maroc :
– Réduire les taxes aéroportuaires
– Subvention sur l’aérien par siège pour stimuler la demande et renforcer la connectivité interne aérienne
Face au manque d’attrait du secteur, avec des employés qui quittent vers d’autres secteurs ou d’autres pays, le Club propose des mesures pour redonner de l’attractivité au secteur et permettre de garder et d’attirer les profils qualifiés, éléments fondamentaux pour une reprise du secteur dans les bonnes conditions de qualité :
– Il faut stimuler l’emploi avec l’application d’un statut spécifique pour les employés du tourisme (du type CFC, avec des exonérations sur l’IR pour encourager les entreprises à proposer des salaires attractifs)
– Mener une campagne nationale télévisuelle, radio et presse 360° pour redorer le blason des métiers du tourisme et de l’artisanat (à l’image de ce qui avait été fait en France pour attirer des talents dans le secteur)
– Revoir et adapter la législation en matière de GAFA au contexte pour ne pas léser l’activité du voyagiste mais aussi pour permettre le développement de plateformes purement marocaines
Somme toute, des propositions pragmatiques qui favoriseront la dynamique des voyages et l’amélioration des conditions de son exécution auprès des opérateurs du voyage à l’import, qu’ils soient membres du MTMC ou pas. Dans ce registre, une pensée particulière aussi pour les agences DMC marocaines à petit volume qui s’activent en silence pour drainer une clientèle de marchés encore embryonnaires pour la destination, comme le marché grecque ou slovène qui ont bien commencé avant la crise mais qui promettent après l’ouverture des frontières. Tel que nous l’explique Jamal Bakati, spécialiste de ces marchés depuis de longues années, à travers Detto Travel, agence basée à Athènes et actuellement Costa Voyages siégeant à Fez, les deux niches représentent un potentiel énorme qu’il tient à fructifier, en capitalisant comme auparavant sur une clientèle de hauts cadres des médias, de la finance, des industriels, des juristes, etc C’est là l’exemple de TPE DMC militant dans l’ombre pour l’attractivité de la destination Maroc.
source :http://premiumtravelnews.com/ Par Mustapha Amal