« Mon seul rêve, c’est de donner tout ce que je sais avant de partir.
On ne devrait pas mourir avec des secrets. Je pense que c’est le seul pêché de la vie ».
Coco (Beato Salvatore) Polizzi, sicilien d’origine, est né le 19 septembre 1941 à Rabat, Maroc. Issu d’une famille de bâtisseurs, son talent et son savoir faire se développent très tôt auprès de son père et de son frère.
A 8 ans, il trace les perspectives sans point de fuite ; à 14 ans, il est déjà projeteur en architecture. L’âge à laquelle il intègre les Beaux Arts de Rabat.
Considéré comme l’un des plus grands Maîtres artisans du Maroc, toute sa vie sera consacrée à la construction et la décoration (bois sculpté, mosaïque romaine, maçonnerie de pierre, ameublement…) d’hôtels, de villas de luxe, appartements, immeubles, restaurants, discothèques, écoles, usines… au quatre coins du monde.
Amoureux de la Vie, du Maroc, de ses traditions et de ses cultures, il fait revivre l’art et l’artisanat local, encourage les initiatives et la création, forme, partage et transmet son savoir avec passion…
Il est à rappeler que le projet de construction de la Médina d’Agadir, connue communément par la Médina de Coco, avait débuté en 1992 dans une zone forestière à l’abri du paysage urbanistique moderne. Véritable petite ville étalée sur 4 hectares et demi et entièrement érigée aux anciennes méthodes traditionnelles, la Médina était conçue pour rallier différents styles spécifiques du pays. Ceci lui vaut le privilège de sauvegarder le patrimoine architectural marocain et d’exposer l’image de marque d’une culture marocaine riche et hétéroclite. Ce fut une merveille : un chef d’œuvre inégalable issu droit de la création de Coco Polizzi, offert à la ville d’Agadir avec beaucoup de passion et d’affection, pour sa ville d’adoption.
Grâce aux méthodes traditionnelles de construction utilisées dans l’ensemble du projet (maçonnerie de pierre en combinaison avec les briques de terre, plafonds et toits constitués de bois de construction, une variété de murs avec finition traditionnelle, portes en bois etc …) ; le visiteur retrouve une inspiration des anciennes Médinas du Maroc, aussi bien arabes que berbères, mais aussi une inspiration pour l’architecture et la décoration avec un mélange d’influences étrangères (Celtique, Hijazi, Mongole, etc…). L’aspect architectural se base sur des détails de décoration et de formes peu symétriques. L’évolution de l’espace va du plus étroit (ruelles, ateliers, niches, fenêtres) au plus étendu (amphithéâtre, places, patios). Les formes se répètent, les scènes jamais ; l’effet est celui d’un art versatile.
La somptuosité de la décoration et de l’ameublement des intérieurs compensent la sobriété des façades externes. Ces dernières ne sont pourtant nullement délaissés : le bois, la pierre, les formes arrondies, les couleurs pastel, les motifs d’inspiration berbère sont autant de revêtements qui les embellissent. Ainsi, les surfaces unies n’existent presque nulle part dans La Médina. Tous les éléments de finition de construction, d’ameublement et de décoration de La Médina, sont réalisés dans les ateliers Coco Polizzi : portes, fenêtres, coffres, lampes en cuivre …
L’artisanat occupait une place très importante dans ce projet, puisque le village avait réuni un grand nombre d’ateliers représentant les différents métiers artisanaux du Royaume, tout en offrant le plaisir d’assister à l’exercice manuel de l’artisan en temps réel. Un vrai musée en plein air , réel et dynamique. De nouveaux corps de métiers ont été créés dans les ateliers Coco POLIZZI comme la mosaïque romaine ; le stucco-antico véritable, composé de tuf argileux, de poudre de marbre, de chaux, de plâtre ou ciment blanc pour les revêtements extérieurs ; la mosaïque de marbre ; l’artisanat des vitraux avec une technique de collage en double face des petits morceaux de verre, … et de nouvelles techniques de construction ont été introduites grâce notamment à l’importation d’une machine à brique de terre.
Coco Polizzi a pu former de jeunes artisans, d’un niveau scolaire bas, installés actuellement à leur propre compte dans plusieurs villes du Royaume, et a offert pendant 4 ans une occupation gratuite d’ateliers d’exposition et de travail dans La Médina d’Agadir pour une cinquantaine d’artisans. L’ensemble de ces maâlems ont entre un et deux apprentis. La Medina d’Agadir fut, en effet, une vraie école de formation aux métiers de l’artisanat, avec un esprit de transmission du savoir, savoir faire et doigté, ce qui a donné un résultat exceptionnel, au vu de tous les travaux réalisés sans exception, dont certains sont de vrais chef d’œuvre.
L’autre objectif majeur du projet était de mettre en valeur les potentialités culturelles du Maroc et de créer une animation culturelle pour les gens de la ville, mais aussi pour les touristes. Ceci en mettant en place :
Des ateliers de travail et d’exposition d’artistes peintres.
Une zone d’animation culturelle, dont un amphithéâtre où s’organisent notamment des spectacles de musique et de danse avec son et lumières. La Médina d’Agadir, représentait une Médina traditionnelle en miniature. Elle débordait de vie dès les premières heures de la matinée, à l’image des anciennes médinas de Fès, Marrakech ou Tanger. Ruelles parsemées d’échoppes où vente de produits typiques se mêle à la convivialité des artisans qui ont installé leur petite entreprise au sein même de la médina, et confectionnant sur place des articles défiant toute originalité. Les couleurs à prédominance sable et ocre, tranchent avec la verdure généreuse des centaines d’arbres et de plantations soigneusement ajustés. Entre amphithéâtre, café maure, restaurant, riad, terrasses, souk, galerie d’exposition, les angles de vue se partagent le regard du visiteur égaré qui ne sait plus comment assouvir la curiosité suscitée par ce lieu surprenant.
Coco avait beaucoup de projets en tête pour sa Médina. Malheureusement des circonstances particulières causées par un manque de financement et un vrai partenariat gagnant, avait fait que la Médina était fermé et tombé sous le coup de la liquidation judiciaire enlevant à Coco sa raison d’être, malgré des tentatives pour récupérer sa Médina. Elle fut appelée alors la Médina d’Agadir. La SDR ( Société de Développement Régional Touristique), est actuellement la propriétaire de la Médina suite à un jugement d’acquisition en bon et du forme et qui avait duré deux ans, avec un montant de 1,7 million de DH.
Coco devait rester le maître artisan de la Méidna et s’occuper d’une Ecole de formation dans les métiers de l’artisanat traditionnel, dans ses diverses composantes. La SDR, sous la conduite éclairée de son DG Azenfar Abdelkrim, nourrissait un bon partenariat avec Coco, pour redonner à la Médina un nouvel éclat et une brillante participation dans la promotion du produit touristique à Agadir.
Hélas la mort a mit fin à tout cela avec le décès de Coco survenu suite à une hospitalisation. Il sera enterré à Rabat , sa ville natale, aux côtés de son père, ce fut son souhait. Qu’il Repose en Paix. Il aura marqué en lettres de noblesse, sa contribution unique en son genre, à Agadir. Un chef d’œuvre inoubliable que le SDR, saura fructueux et valoriser, en de mieux encore.
Que toute sa famille, en particulier sa femme ses filles Claudia et Paola, trouvent ici l’expression de nos condoléances les plus attristés, que nous partageons avec eux. Coca sera inoubliable, toujours présent dans notre esprit pour ses valeurs humaines, son savoir faire, sa sagesse, sa grande culture, son altruisme et son amour indéfectible pour le Maroc.
Med RIAL