Quotidien du Tourisme : Croyez vous à la relance de la destination Maroc ?
Raouf Ben Slimane : Oui, car Le Maroc est un exemple en termes de stratégie. Tout d’abord, nous avons en face de nous des partenaires dont la vision et le discours sont clairs. Ensuite, notre ambition de croissance se justifie par plusieurs paramètres qui selon nous font de cette destination l'une des plus prometteuses en moyen-courrier.
Je m’explique ; en tant que voyagiste français, nous savons que la France est le premier pays émetteur pour le Royaume Chérifien et que tout le secteur du Tourisme au Maroc est focalisé sur les objectifs ambitieux définis en amont par le Roi. Nous le constatons de façon concrète, le niveau des moyens dont se dote la destnation pour atteindre ses objecifs est très important.
Quotidien du Tourisme : Si les moyens sont importants, est-ce que les actions suivent ?
Raouf Ben Slimane : En tout premier lieu, le Maroc a compris depuis longtemps que pour avoir un maximum de visiteurs, il fallait d'abord augmenter les capacités aériennes et ouvrir le ciel à la concurrence.
À ce jour, non seulement la plupart des compagnies low cost sont présentes sur des axes à forte demande aussi bien que sur des régions que le Maroc souhaite développer en apportant sa contribution financière aux opérations. De plus la compagnie nationale, la Royal Air Maroc, augmente elle aussi ses capacités par un investissement massif dans de nouveaux appareils pour répondre à la demande et ouvrir de nouvelles lignes.
On observe donc l'ouverture tous azimuts de nouvelles routes, desservies par la compagnie nationale ou des compagnies étrangères. Le dernier exemple marquant étant l'ouverture de la ligne Paris Dakhla par Transavia avec 2 jours d'opération par semaine.
Cette réponse aérienne a une demande forte ou provoquée selon le cas, ne s'est pas produite d'un coup de baguette magique. Elle a été l'une des pierres angulaires de la vision 2010 qui était basée sur :
Premièrement : l'investissement dans le développement de l'offre hôtelière, et notamment haut de gamme en faisant venir les plus grandes marques mondiales de l’hôtellerie.
Deuxièmement : la diversification régionale avec des investissements très lourds dans le développement ou l'émergence de nouvelles stations balnéaires comme Saïdia, Lixus,Mogador, Mazagan, Taghazout ...
Troisièmement : pour cela donc il fallait disposer d'une offre aérienne adaptée et ouvrir le ciel aux low cost.
À l’époque, nous faisions partie des partenaires constamment invités pour participer aux échanges avec nos amis marocains. Nous connaissons donc bien les personnes et la vision qui a été à l'origine de la suite que nous connaissons, puisque les 10 millions de visiteurs qui étaient visés en 2010 ont été atteints peu de temps après en 2013.
Quotidien du Tourisme : Cette créativité et cette réactivité vous rassurent ?
Raouf Ben Slimane : Parfaitement. Depuis cet élan, cette impulsion, la dynamique qui a été mise en place n'a jamais fléchie, bien au contraire elle s'est accélérée sous l’effet des succès rencontrés, mais aussi de la créativité des personnes qui représentent à la fois les régions, les CRT, les hôteliers, les transporteurs, etc... et enfin par le caractère transversal des échanges entre les différentes instances et les ministères concernés, la synergie est visible.
J’ajoute à cela un fort savoir-faire marketing pour à la fois se démarquer, emporter l'adhésion des partenaires et finalement pour séduire les clients en maîtrisant parfaitement les clés du discours pour développer les axes forts que sont Agadir et Marrakech, mais aussi les autres régions comme Essaouira, Tanger, Fès, Rabat, Dakhla, etc...
Quotidien du Tourisme : Quel a été l’impact du séisme du 8 septembre ?
Raouf Ben Slimane : Il est important de noter que cet évènement a clairement démontré l'esprit de résilience des Marocains. Il nous a permis de constater la débauche d'énergie, de créativité et de réactivité déployées pour diffuser des messages rassurants et séduisants afin de maintenir la confiance dans la destination...Ce qui a été fait rassure aussi forcément les opérateurs comme nous qui investissons à fond dans ces destinations au travers de nos multiples engagements hôteliers sur des périodes triennales, voire quinquennales, avec le risque que cela suppose.
Et je pense que cela a eu un effet sur le retour rapide de la destination qui avait chuté de 80% dans les jours qui ont suivi la catastrophe pour revenir progressivement au même niveau de réservation que l’année précédente en seulement 30 jours.
Quotidien du Tourisme : Comment voyez-vous donc l’avenir proche ?
Raouf Ben Slimane : Je vois un horizon tricolore en vert bleu et rose. L'avenir de la destination est vert, car tous les voyants sont au vert. Il y a un capital sympathie maximum des Français pour le Maroc. La dynamique est en place et rien ne l’arrêtera, ni tremblement de terre ni acte ou velléité terroriste, car dans le domaine de la sûreté la destination est parmi les meilleures. Ce qui pourra se produire un jour, la résilience des Marocains l'effacera le lendemain...on vient d’en avoir un exemple tout récent.
Il est aussi bleu comme son ciel et le climat. C’est l’atout clé de la destination qui jouit d’un ensoleillement maximum tout au long de l’année.
Enfin il est rose comme la couleur de la joie ! Celle que vont procurer les évènements mondiaux que le Maroc a eu le privilège de se voir attribuer et qui seront des boosters exceptionnels pour le Tourisme. Et cela est une excellente nouvelle pour tous les partenaires de la destination.
Je pense principalement à la coorganisation de la Coupe du Monde de Football avec l'Espagne et le Portugal en 2030.
Quotidien du Tourisme : Parlons de la stratégie d'Ôvoyages
Raouf Ben Slimane : Elle est claire et limpide. Elle est alignée sur les ambitions de nos partenaires marocains à qui nous avons promis d'atteindre un objectif très ambitieux sur 3 ans que nous allons réaliser par paliers progressifs et dont le 1er a commencé en 2023.
À ce jour avec plus de 40 000 clients annuels, le Maroc est notre 3e destination loin cependant derrière l'Espagne et la Grèce, mais nous visons le cap des 70 000 clients d’ici 2025, soit dans seulement 2 exercices...
Pour cela nous avons une offre très large qui comprend les séjours classiques, mais aussi dans nos 7 Ôclubs. Nous en avons 4 actuellement plus 3 en cours où nous sommes engagés sur une centaine de chambres par semaine et sur toute l’année. Les circuits et bien évidemment une production qui va intégrer plus de régions comme Tanger Fès Rabat Dakhla ....
À propos des Ôclub, nous visons d'en avoir une dizaine d'ici 2025 afin de mettre la destination au même niveau que la Grèce et de pouvoir répondre à une forte demande sur ce segment qui représente 40% des réservations et qui en réalité se justifie autant par le rapport qualité-prix imbattable, que pour le concept de la formule club et les expériences de découverte de la destination que nous y ajoutons.
Comme vous le voyez, nous sommes aussi en ordre de marche soutenue sur le Maroc.
Source: Le Quotidien du tourisme.com