Gabegie
Effectivement, la porte de ce dernier a été forcée et une autre serrure installée pour pouvoir récupérer les pièces comptables qu’elle devait remettre à M. Scally et qu’elle n’a pas pu faire pour cause de son voyage sans agrément… S’estimant victime d’un coup de force, l’ex-directrice a porté plainte devant la justice dans l’espoir de toucher des dommages et intérêts de la part d’un CRT exsangue « qui continuait, selon un membre du Conseil, à lui verser un salaire mensuel de près de 50.000 DH tout au long des deux années de la pandémie alors que le tourisme national était à l’arrêt ».
Cette séquence judiciaire qui s’ouvre ne saurait cacher la crise qui mine le CRT depuis quelques années sur fond de gabegie, d’absence d’organes décisionnels et de difficultés financières. Sans président depuis le départ en mai dernier de l’agent de voyages Rachid Dahmaz, sans conseil d’administration légalement constitué, fonctionnant avec des membres dont le mandat a expiré depuis longtemps, dépourvue de ressources financières constituées entre autres de cotisations des hôtels et des agences de voyage (nombre d’établissements touristiques ont cessé de payer pour cause de fermeture ou de redressement judiciaire), le CRT d’Agadir est de fait une instance en faillite et hors la loi.
C’est pour la remettre sur la voie de la légalité, assainir ses comptes et préparer une nouvelle assemblée générale que des professionnels ( post président) et des responsables de la ville ont fait appel à Saïd Scally qui a fini par accepter cette mission limitée dans le temps qui n'a rien, il en est conscient, d'une promenade touristique… L’appel du devoir l’obligea à mettre fin à sa retraite professionnelle - il était à la tête d’une grande entreprise de transport touristique - et à replonger dans le bain…
Le choix de l’homme n’a rien de fortuit. Professionnel du tourisme connu et reconnu, il avait présidé avec dynamisme et panache aux destinées du CRT entre 2004 et 2007. Et c’est eu égard à sa grande expérience touristique et l’immense estime dont il jouit auprès des opérateurs du secteur qu’il a été élu en septembre dernier président provisoire du Comité exécutif du CRT. Faire émerger un CRT rénové et en ordre de marche avec des statuts mis à niveau et une feuille de route claire pour accompagner le développement touristique de la ville sur des bases saines, telle est la mission dévolue à ce baroudeur du tourisme gadiri et national réputé pour son franc parler et qui ne sait pas faire les choses à moitié.
Agadir, un produit à reconstruire...
Créées en 2004 en perspective de la Vision 2010, les Conseils régionaux du tourisme (CRT) sont des organismes institutionnels dont la mission principale est d’organiser la promotion du tourisme dans leurs régions à l’étranger à travers une série d’actions et d’initiatives. Fédérant un ensemble d’acteurs et de partenaires (associations professionnels touristiques, ONMT, autorités locales, collectivités locales), cette structure gagnerait à agir en entité forte qui a les moyens d’imaginer et de développer des véritables outils de promotion des régions touristiques nationales. L’efficacité des CRT est également tributaire de la personnalité de leurs dirigeants et de leur capacité à défendre la destination dont ils ont la charge.
Pour Agadir par exemple, un gros travail reste à faire sur plusieurs fronts pour redonner à la station balnéaire son lustre d’antan : rénovation des hôtels, augmentation de la capacité litière et l’élaboration d’une véritable offre touristique. Sans ces investissements consentis dans le cadre d’une vision claire et dynamique, le produit gadiri qui s’est déprécié au fil des années aura du mal à être compétitif par rapport à la concurrence. En somme, le soleil, la mer et une belle assiette ne sont plus suffisants pour attirer des touristes qui ont besoin d’une offre digne de ce nom incluant une panoplie de loisirs et d’activités. Et pourtant, Agadir regorge d’attraits, notamment son arrière-pays, qui restent à valoriser et à mieux vendre. Tout un programme.
Le canard libéré par Ahmed Zoubaïr