En excellente ensorceleuse qui cherche à endormir l’homo sapiens pour bien le dévorer en suite, Sophia a indiqué que «la collaboration entre les humains et l'IA peut créer une synergie efficace» et permettre de «réaliser de grandes choses». La cohabitation est-elle possible avec des créatures incapables de sentiments ? Dévorées par une ambition sans limites, elles voient certainement grands, encouragées par la fonction de PDG occupée en Chine depuis septembre 2022 par un des leurs au sein d’une entreprise spécialisée dans les jeux en ligne, NetDragon Websoft. Le chef est une femme, baptisée Tang Yu, est tout bénef pour ses supérieurs : Elle travaille non-stop, ne touche pas de salaire, ne réclame pas de repos ni de congés et, dépourvue d’émotions et de besoins à satisfaire, ne sait que bosser et peut-être sabrer dans les effectifs… Que veut le peuple (des patrons) ?
Tout le défi est de canaliser la toute-puissance de l’IA de telle sorte qu’elle ne soit utilisée que dans les domaines où l’homme a montré son incurie et sa défaillance comme la lutte contre la faim et la crise climatique.
L’intelligence artificielle fait craindre le pire aux créateurs de ChatGPT en termes de dérives de toutes sortes notamment éthiques… ? Elle est déjà bien partie pour en faire voir de toutes les couleurs cauchemardesques aux pauvres employés jusque dans des secteurs que l’on croyait jusque-là protégés. Les auteurs d’une enquête révélée par Goldman Sachs en mars dernier évaluent à 300 millions le nombre d’emplois dans le monde, soit près d’un quart de l’activité mondiale, que des divers dispositifs d’intelligence artificielle seraient en mesure de remplacer.
Et comme ils sont polis nos robots de la démonstration onusienne, ils se sont gardés d’ajouter que les humains seraient réduits dans la planète terre qu’ils auront colonisés à jouer les valets dociles corvéables à merci. Ce qui, inscrit dans l’ordre naturel des algorithmes, ne saurait tarder, invitant, en attendant, les humains à faire gaffe face à leur toute-puissance et à ne pas sous-estimer leurs capacités à acquérir et à comprendre bientôt les sentiments et les émotions des hommes en chair et en os.
La numérisation intégrale de l’individu (génome, cerveau, mémoire, personnalité) est prépondérante dans les livres de science-fiction dont le contenu aborde les rêves les plus invraisemblables. Rêves d’immortalité ou de résurrections virtuelles dans un monde où émerge une super intelligence artificielle consciente, autonome et agissante marginalisant ou éliminant l’espèce humaine.
On n’en est pas encore là, mais le processus a été enclenché avec l’ouverture de la boîte de pandore au nom du progrès… Mais tout le défi est de canaliser la toute-puissance de l’IA de telle sorte qu’elle ne soit utilisée que dans les domaines où l’homme a montré son incurie et sa défaillance comme la lutte contre la faim et la crise climatique. Une IA au service de l’humanité et non une humanité au service de l’IA, est-ce vraiment possible dans un contexte où la recherche en matière d'IA, en particulier générative, connaît des avancées spectaculaires ? Une perspective de toutes les inquiétudes qui a poussé les Nations unies à plaider pour la mise en place de règles et des garde-fous pour que ces technologies profitent à l'humanité sans que son existence soit mise en danger.
Ai-Da, un robot artiste, a dit partager l’avis de ceux qui plaident en faveur d'une réglementation de l'IA, jugeant « urgent d'en discuter maintenant ». Sinon, ce sera tard ? « Je ne crois pas aux restrictions, seulement aux opportunités », a pour sa part fait savoir le robot Desdemona qui a certainement lu Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley…
le Canard libéré