Premièrement, le contenu du rapport ne diffère guère des rapports antérieurement diffusés par la même organisation non-gouvernementale au cours des dernières années. Il exploite de nouveau les mêmes faits précédemment relevés. Cela signifie que l’ONG réédite chaque année le même rapport avec presque le même contenu.
A noter, dans ce contexte, que le rapport traite de faits et de problèmes qui se sont déroulés il y a des années de cela, mais qui sont présentés dans l’actuel rapport comme s’ils étaient nouveaux et récents. Ce qui révèle, tout bien pensé, que HRW ne déroge pas à sa stratégie de reproduction des récits.
Deuxièmement, la méthodologie adoptée par les auteurs de ce rapport vide presque, celui-ci, de son contenu, et en fait un document qui s’appuie sur un narrateur unique qui raconte son histoire d’un point de vue personnel. Ainsi, la méthodologie scientifique propre à la rédaction d’un rapport crédible, impartial, franchisé des référentiels et des calculs purement politiques, fait magistralement défaut dans le rapport de HRW. En témoigne la non-consultation d’autres parties directement concernées par les événements et les questions abordées dans le rapport. En outre, HRW s’est contentée dans son rapport de compiler ce qui avait été publié dans certains médias nationaux et étrangers, dans les réseaux sociaux, également, sans aucune vérification de la véracité des informations recueillies, mais aussi ce qui a été colporté par des appels téléphoniques personnels.
Plus regrettable encore, c’est que le rapport a fait fi de la veille informationnelle et du travail d’investigation sur le terrain à travers des observations directes des procès et l’implication d’une large frange de sources pour en constituer un échantillon fiable et crédible, à l’instar des organisations professionnelles des journalistes et des éditeurs et nombre d’organisations de défense des droits de l’homme. Au lieu de tout cela, il s’est étayé sur le récit d’une seule et unique organisation de défense des droits humains.
Troisièmement, le Syndicat national de la presse marocaine relève que le rapport comprend des positions politiques et des jugements de valeur, et qu’il use d’un langage étranger au langage des rapports professionnels et scientifiques qui, lui, évite la rhétorique et les expressions vagues et équivoques.
Quatrièmement, le rapport s’est appuyé sur le témoignage d’un échantillon d’acteurs politiques qui ont pleinement le droit d’avoir des positions sur la situation générale et les institutions constitutionnelles de notre pays. Et aucune partie, quelle que soit, ne peut leur réquisitionner ce droit. Sauf que la crédibilité veut qu’on ne se limite pas à leurs seuls points de vue et positions dans l’établissement de ce genre de rapports.
Cinquièmement, les événements et les cas que le rapport de HRW prétend avoir relevés font l’objet d’une polémique et de divergences. Si certaines sources confirment que les faits avaient été fabriqués de toutes pièces et préalablement fomentés afin de piéger certaines personnes, et que la justice a été manipulée pour atteindre les objectifs escomptés, d’autres parties aussi actives dans le domaine des droits de l’homme et professionnels avaient une vision totalement différente selon laquelle les charges qui pèsent sur ces personnes poursuivies en justice sont vraies et établies et qu’il existe bel et bien des victimes ayant porté plainte, dont des journalistes femmes, et que les droits de ces victimes ne peuvent, sous aucun prétexte, être récusés. Et qu’on ne peut faire à ces victimes des procès d’intention. Pour cela, il est dégradant pour une organisation internationale des droits de l’homme comme HRW de pencher ou défendre une partie au détriment d’une autre.
Sixièmement, le Syndicat National de la presse marocaine enregistre un précédent dans les rapports internationaux puisqu’il a décelé une hostilité manifeste à l’encontre de certains médias nationaux, traités de tous les noms. Hormis le jugement subjectif qu’on peut avoir de la ligne éditoriale de n’importe quel média dans notre pays, une organisation des droits de l’homme n’est pas spécialisée, et n’est pas apte à classer les lignes éditoriales, à porter des jugements de valeur sur des entreprises médiatiques, et à noter des journalistes.
Le Syndicat national de la presse marocaine attire l’attention que le rapport soulève la question de la diffamation pratiquée par certaines institutions médiatiques nationales à l’encontre de certaines personnes. Des pratiques qui ont été, par ailleurs, vivement condamnées par le Syndicat national de la presse marocaine. Mais au lieu de dénoncer cette diffamation, le rapport est tombé dans le piège de diffamer des entreprises de presse marocaines (Chouf TV, Barlamane.com et Le360).
Septièmement, le rapport a délibérément évoqué des affaires et conflits personnels immobiliers entre autres, et les a introduites dans le champ juridique et professionnel, avec comme but de faire du remplissage dans le dessein de renforcer une position politique spécifique.
Huitièmement, le Syndicat National de la presse marocaine (SNPM) note que Human Rights Watch insiste mordicus à rééditer toujours un rapport sur le Maroc quasi-identique à ses prédécesseurs en se basant, chaque année et sans se lasser, sur quasiment le même contenu. L’intriguant, c’est que la publication de ces rapports coïncident toujours avec la célébration par les Marocains de la Fête du Trône qui représente pour eux comme pour l’opinion publique internationale une occasion de faire un bilan des efforts de développement du Maroc. C’est une synchronisation étrange qui soulève plus d’un point d’interrogation et qui ne peut être le fruit du hasard, car elle s’est répétée au cours des dernières années. Aussi, les auteurs du rapport sont conscients de la symbolique et de l’importance de cette synchronisation politique préméditée.
Pour tout cela et pour bien d’autres vices de forme et de contenu que ce rapport renferme, le Syndicat National de la Presse Marocaine exprime sa déception profonde car ce document, s’il avait été franchisé des référentiels et des calculs purement politiques, aurait contribué à pointer du doigt les déviations et les dérapages de la scène médiatique nationale.
Le Syndicat national de la presse marocaine, qui ne nie pas le fait qu’elle décèle et dénonce des atteintes à l’exercice de la liberté de la presse et d’expression dans notre pays dans tous ses rapports annuels (le dernier en date a été publié il y a quelques semaines), annonce son rejet catégorique et total du contenu du nouveau rapport de Human Rights Watch, car tout bonnement, il manque de professionnalisme, de crédibilité et de légitimité et est démuni de toutes les garanties et les conditions requises d’objectivité, d’intégrité et d’impartialité.