Logique aujourd’hui que le Nigéria, 5ème exportateur de gaz dans le monde et premier en Afrique, et la CEDEAO qui aura, elle, un rôle moteur dans la négociation des accords et l’encadrement de la construction du gazoduc dans la mesure où les États traversés par le gazoduc en font partie, aient fait le choix du projet de gazoduc Nigeria-Maroc qui présente d’indéniables avantages par rapport à celui de Nigeria-Algérie qui n’a pour principale atout que le facteur géographique avec un tracé de 4.128 km comparé aux 5.660 km du GMN.
Rappelons que le gazoduc transsaharien vise à transporter le gaz du delta du Niger vers l’Algérie via le Niger et peut-être le Mali. De multiples défis sécuritaires seront à surmonter tout au long du tracé de ce projet discuté depuis les années 1990. Avec la montée en puissance depuis 2006 des mouvements terroristes tels qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ainsi que l’accroissement des violences dans le delta du Niger, ce projet semble difficile à réaliser dans le court terme. Il devra traverser des zones non sécurisées, depuis le delta du Niger où les installations d’extraction d’hydrocarbures font face à des opérations de sabotages chroniques, en passant par le Nord du Niger où sévissent les rebelles touarègues et les organisations terroristes, avant d’atteindre le désert algérien connu pour être un sanctuaire de groupes criminels et terroristes.
Outre le défi sécuritaire, il y a aussi celui du financement. Le coût du projet et les sources de financement ne sont pas encore connus. Résultat des courses : plus de doute sur la position nigériane qui rejoint ainsi celle de la CEDEAO, l’un des principaux avocats du GNM. A noter que le royaume, aujourd’hui bien enraciné dans cette partie du continent, est le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le deuxième à l’échelle du continent.
Le Nigeria, membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dispose d’énormes réserves en gaz, les premières en Afrique et les septièmes au niveau mondial. Présenté comme propice à l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest, le projet du gazoduc GNM devrait permettre aux pays ouest-africains de profiter du gaz nigérian pour palier à leurs problèmes énergétiques, notamment en production électrique, véritable frein pour leur développement industriel.
Aujourd’hui, en dépit de l’énième tentative de ressusciter l’énorme infrastructure du Trans Saharan Gas Pipeline lors du déplacement au Niger, le 15 février dernier, du ministre algérien de l’énergie, Mohamed Arkab, afin de convenir de mettre en place une feuille de route pour le projet de Gazoduc transsaharien, les jeux sont désormais faits : le Nigeria a tranché en faveur du tracé marocain.
Le Gazoduc Nigeria-Maroc devrait également profiter de la conjoncture internationale marquée par le conflit russo-ukrainien qui fait que les réserves en gaz de l’Afrique attirent de plus en plus les regards, notamment du côté de l’Union européenne, qui tente de se libérer de sa dépendance au gaz russe. D’ailleurs, les récentes découvertes de gisements en gaz offshore tout au long du tracé du GMN, notamment au large de la Côte d’Ivoire et du Ghana, entre le Sénégal et la Mauritanie et dans les eaux territoriales marocaines, devraient rassurer, d’un côté, les pays européens sur la capacité du GMN à répondre à leurs besoins en gaz et, de l’autre, les investisseurs potentiels sur la viabilité économique du projet.
Source: challenge